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OLIVIER SONCK

Liebe über alles / Faire le tordu monde et revenir se taire
Esplanade Godefroy de Bouillon et rue de la Prison

Pour Art Public Bouillon, Olivier Sonck propose deux interventions où se décline son intérêt pour les mots, les lettres et leurs prononciations. J’ajouterai que les deux pièces partagent des ouvertures parfois grinçantes à la diversité des interprétations. Implantée à proximité de l’entrée du château, Liebe über alles prend la forme d’un bouclier réalisé à partir d’une carrosserie d’automobile à la signalétique à chevrons usuellement dévolue à l’avertissement du danger. C’est un message d’amour : « L’amour par-dessus tout ». Mais écrite dans la langue de Goethe, la formule évoque Le Chant des Allemands (1841), le « Deutschland über Alles », exprimant la pertinence à former une patrie malgré les différences des citoyens … et qui, au gré des déplacements sémantiques organisés par les nazis, dévoie en « L’Allemagne doit dominer le monde ». On retrouve une dérive du sens dans Faire le tordu monde et revenir se taire peint sur la façade d’une maison en contrebas du Musée Ducal, dans une police identique à celle de l’enseigne de ce dernier. On retrouve l’intérêt de l’artiste pour la richesse des malentendus « quand on prononce mal (…) après un passage dans des oreilles distraites » (OS). Olivier Sonck précise en outre que son « inscription n’est rien d’autre qu’un message absurdo-poétique que l’on peut interpréter de multiples manières, le lecteur étant seul responsable du sens accordé à cette phrase, si tant est qu’il y en ait un ! ».

For Art Public Bouillon, Olivier Sonck proposes two installations that reflect his interest in words, letters and their pronunciations. I would add that both pieces share occasionally grating openings to diverse interpretations. Located near the entrance to the castle, Liebe über alles takes the form of a shield made from the bodywork of a car with the chevron-shaped signage usually used to warn of danger. It’s a message of love: « Love above all else ». But written in Goethe’s language, the phrase is reminiscent of The Song of the Germans (1841), « Deutschland über Alles », expressing the relevance of forming a homeland despite the differences between citizens … and which, according to the semantic shifts effected by the Nazis, changes into « Germany must dominate the world ». The same drifting of meaning can be seen in Faire le tordu monde et revenir se taire, painted on the façade of a house below the Musée Ducal, in a font identical to that of the museum’s sign. Again, the artist’s interest in the richness of misunderstandings is evident: « when we mispronounce (…) after passing through distracted ears » (OS). Olivier Sonck also points out that his « inscription is nothing more than an absurdist-poetic message that can be interpreted in a multitude of ways, with the reader alone being responsible for the meaning attributed to this sentence ‒ if there is one! »