LEO LUCCIONI
Liège Love City
Place de la République française
Léo Luccioni a sculpté un blason en bas-relief accroché au frontispice de l’entrée principale du château de Bouillon. Avec sa pointe inférieure en ogive, il renvoie au modèle d’écu le plus commun, celui dit « français ancien ». Sur un ton plus caustique qu’ironique, l’artiste revient sur les questions qui traversent son travail : la dictature des potentats du commerce, l’incitation à la consommation effrénée, les mensonges médiatiques ou la production de denrées aux qualités nutritionnelles douteuses. Son blason est ainsi porteur d’emblèmes de marques multinationales : banques, géants de l’industrie alimentaire ou oligopoles de l’énergie … « J’ai réfléchi aux doutes que la pièce peut faire naître, explique Léo Luccioni. À première vue, le visiteur y reconnaîtra un artefact médiéval plutôt qu’un objet contemporain. Pour les logos, j’ai choisi une ‘écriture’ qui renforce cette ambiguïté. J’aime la tension entre ce que représente le château – je pense au système féodal avec ses hiérarchies de pouvoir – et nos sociétés régentées par les multinationales, les traders ou les magnats de la communication. Le parallèle entre les blasons du Moyen Âge et les logos d’aujourd’hui me semble d’autant plus fort que l’un et l’autre partagent les mêmes fonctions : imprimer une présence, organiser le monde, affirmer un pouvoir. Inscrire ces symboles dans la matière même d’un lieu historique de domination, c’est aussi les figer dans le temps, les questionner et les révéler autrement. »
